Qui est Matsya - Le poisson doré ? | Mythologie Hindoue |Sirenas
Matsya Avatar Vishnu

Qui est Matsya – Le poisson dorĂ© ?

Matsya sirène triton
Représentation anthropomorphique de Matsya comme mi-humain, mi-poisson (sirène)

Matsya (en sanskrit : मत्स्य, littĂ©ralement “poisson”) est l’avatar poisson du dieu hindou Vishnu. Matsya est parfois reprĂ©sentĂ© comme le premier des dix avatars majeurs de Vishnu, ayant sauvĂ© le premier homme Manu d’un dĂ©luge catastrophique. Matsya est parfois reprĂ©sentĂ© comme un grand poisson dorĂ©, ou anthropomorphiquement comme le torse de Vishnu attachĂ© Ă  la moitiĂ© arrière d’un poisson (semblable Ă  une sirène ou ressemblant Ă  nagas).

Matsya est mentionnĂ© pour la première fois dans le Shatapatha Brahmana, mais il n’est pas associĂ© Ă  une divinitĂ© particulière. Ă€ l’Ă©poque post-vĂ©dique, le poisson-sauveur se confond avec l’identitĂ© de Brahma, qui est ensuite transmise Ă  Vishnu.

Dans la littĂ©rature hindoue, les lĂ©gendes autour de Matsya s’Ă©tendent, Ă©voluent et changent. Ces rĂ©cits ont un caractère symbolique, avec un petit poisson qui devient un grand poisson sous la protection de Manu, et le poisson qui sauve l’existence terrestre. Dans les versions ultĂ©rieures, Matsya est honorĂ© comme le sauveur des Ă©critures après avoir tuĂ© un dĂ©mon qui s’empare des prĂ©cieuses Ă©critures – les Vedas.

L’histoire appartient Ă  la famille des mythes du dĂ©luge, que l’on retrouve dans de nombreuses cultures.

Sommaire :

Étymologie de Matsya

sirenas bijoux sirène

Matsya est un dieu hindou dont le nom vient du mot sanskrit matsya, qui signifie “poisson”. Les mots matsa et matsya, qui signifient tous deux “poisson”, proviendraient de la racine mad, qui signifie “se rĂ©jouir, ĂŞtre joyeux, exulter, jouir ou se dĂ©lecter”, selon Monier-Williams et R. Franco. Par consĂ©quent, matsya signifie “joyeux”. Yaska (environ 600 avant J.-C.), grammairien et Ă©tymologiste sanskrit, affirme que les poissons sont appelĂ©s matsya parce qu'”ils prennent plaisir Ă  se manger les uns les autres”. Yaska suggère Ă©galement que matsya signifie “flotter dans l’eau”, dĂ©rivĂ© des racines syand (flotter) et madhu (flotter) (eau). Matsya est un terme sanskrit qui est apparentĂ© Ă  maccha en prakrit (“poisson”).

Légendes et références scripturaires

Matsya dans les origines védiques

La section 1.8.1 du Shatapatha Brahmana (Yajur veda) est le plus ancien texte existant dans l’hindouisme Ă  dĂ©crire Matsya et le rĂ©cit du dĂ©luge. Il ne fait aucun lien entre le poisson Matsya et toute autre divinitĂ©.

Le poisson (Matsya) et Manu sont les personnages principaux de cette histoire. Manu est dĂ©peint comme un lĂ©gislateur ainsi qu’un roi ancĂŞtre. Un jour, on apporte Ă  Manu de l’eau pour ses ablutions. Un petit poisson nage dans l’eau. Le poisson exprime sa crainte d’ĂŞtre dĂ©vorĂ© par un plus gros poisson et implore Manu de le sauver.

En Ă©change, le poisson s’engage Ă  sauver Manu d’une inondation imminente. La demande est acceptĂ©e par Manu. Il Ă©lève le poisson en le mettant dans un pot d’eau. Puis il creuse un fossĂ© plein d’eau et l’y dĂ©place pour qu’il puisse grandir librement. Manu relâche le poisson dans l’ocĂ©an lorsqu’il a atteint une taille suffisante pour ne plus ĂŞtre en danger. Le poisson le remercie, l’informe de la date du grand dĂ©luge et demande Ă  Manu de construire un bateau pour cette date, qu’il pourra attacher Ă  sa corne.

Manu apporte son bateau au poisson le jour prĂ©dit. Lorsque le dĂ©luge arrive, Manu attache le bateau Ă  la corne. Le poisson transporte Manu et son bateau jusqu’aux hautes terres alpines du nord (interprĂ©tĂ©es comme l’Himalaya). Manu, l’unique survivant, rĂ©tablit alors sa vie par la pĂ©nitence et le yajna (sacrifices). La dĂ©esse Ida arrive Ă  la suite de ce sacrifice, et tous deux unissent leurs forces pour crĂ©er la race des Manu.

L’histoire vĂ©dique est mĂ©taphorique, selon Bonnefoy. Le petit poisson est une rĂ©fĂ©rence Ă  la “règle des poissons” indienne, qui est similaire Ă  la “loi de la jungle”.

Le petit et le faible seraient consommĂ©s par le grand et le puissant, et il a besoin de la protection dharmique du lĂ©gislateur et monarque Manu afin d’atteindre son plein potentiel et de pouvoir aider plus tard. Manu donne la sĂ©curitĂ©, le petit poisson devient un grand poisson, et finalement sauve toute l’existence. Selon Bonnefoy, le bateau de Manu, qu’il construit pour recevoir l’aide du poisson sauveur, est un symbole du moyen d’Ă©viter la dĂ©vastation totale et du salut humain. Les montagnes reprĂ©sentent le sanctuaire ultime et l’Ă©mancipation par la porte du refuge ultime et de la libĂ©ration. Selon Edward Washburn Hopkins, la faveur de Manu de sauver le poisson de la mort a Ă©tĂ© retournĂ©e par le poisson.

Bien que le Matsya (l’homme poisson) n’apparaisse pas dans les textes antĂ©rieurs, les origines de la lĂ©gende remontent au Rigveda, la plus ancienne Ă©criture hindoue. Dans le Rigveda, on trouve Manu (lit. “homme”), le premier homme et le gĂ©niteur de l’humanitĂ©. Manu est censĂ© avoir fait le premier sacrifice en allumant le feu sacrificiel (Agni) avec l’aide de sept prĂŞtres; le sacrifice de Manu est considĂ©rĂ© comme l’archĂ©type du sacrifice. Le navire de la mythologie Matsya, selon Narayan Aiyangar, fait allusion au navire du Sacrifice mentionnĂ© dans le Rigveda et l’Aitareya Brahmana. Le poisson reprĂ©sente Agni, le Dieu, ainsi que les flammes du sacrifice dans ce contexte.

Matsya : sauveur de Manu du DĂ©luge

Matsya et les sept sages
Matsya en poisson cornu tirant le bateau avec Manu et les sept sages, scène du Mahabharata

Une autre justification de l’incarnation de Matsya est donnĂ©e dans le Bhagavata Purana. Un dĂ©mon nommĂ© Hayagriva (“au cou de cheval”) prend les Vedas dans le bâillement de Brahma endormi Ă  la fin du Kalpa. Le vol est dĂ©couvert par Vishnu. Il apparaĂ®t sur Terre sous la forme d’un petit poisson saphari, connu sous le nom d’avatar Matsya. Satyavrata, le monarque du royaume de Dravida (Inde du Sud), tient de l’eau dans sa main pour la libation dans la rivière Kritamala (identifiĂ©e avec la rivière Vaigai au Tamil Nadu, Inde du Sud).

Il y dĂ©couvre un petit poisson. Le poisson lui demande de le protĂ©ger des prĂ©dateurs et de lui permettre de grandir. Satyavrata est Ă©mu par la dĂ©tresse du petit poisson. Il commence par un pot, puis dĂ©place le poisson dans un puits, puis dans un rĂ©servoir, et enfin dans la mer lorsqu’il devient trop grand pour le rĂ©servoir. En peu de temps, le poisson devient trop grand pour la mer. Satyavrata demande au poisson magique de rĂ©vĂ©ler sa vĂ©ritable identitĂ©, mais comprend rapidement qu’il s’agit de Vishnu. Matsya-Vishnu avertit le monarque de l’approche du dĂ©luge, qui arrivera dans sept jours. Le roi est chargĂ© de rassembler toutes les espèces animales, vĂ©gĂ©tales et les graines, ainsi que les sept sages, dans un bateau. Le poisson demande au monarque d’utiliser le serpent Vasuki pour attacher le bateau Ă  sa corne.

Les pluies torrentielles commencent Ă  tomber. L’avatar homme poisson, tout en les transportant en lieu sĂ»r, enseigne aux sages et Ă  Satyavrata la plus grande sagesse afin de les prĂ©parer au prochain cycle d’existence. Ces connaissances ont Ă©tĂ© compilĂ©es dans un Purana, selon le Bhagavata Purana, qui pourrait ĂŞtre lu comme une rĂ©fĂ©rence au Matsya Purana. Après le dĂ©luge, Matsya tue le dĂ©mon et sauve les VĂ©das, les rendant Ă  Brahma, qui s’est rĂ©veillĂ© de son sommeil pour recommencer le processus de crĂ©ation. Satyavrata est rebaptisĂ© Vaivasvata Manu et dĂ©signĂ© comme le Manu du kalpa actuel.

L’histoire de l’Agni Purana est identique Ă  la version du Bhagavata Purana qui se dĂ©roule autour de la rivière Kritamala, et elle raconte Ă©galement le sauvetage des Vedas du dĂ©mon Hayagriva.

Comme dans l’histoire du Mahabharata, le Vaivasvata Manu recueille toutes les graines (et non les ĂŞtres vivants) et rĂ©unit les sept sages. Il comprend Ă©galement le fondement du Matsya Purana, qui est le discours de Matsya Ă  Manu, ce qui est comparable Ă  la version du Bhagavata Purana. Le Matsya Purana a Ă©tĂ© racontĂ© Ă  Manu par Matsya au dĂ©but du kalpa, selon l’Agni Purana en Ă©numĂ©rant les Puranas.

Au lieu de Brahma, le Varaha Purana considère Narayana (Ă©galement connu sous le nom de Vishnu) comme le dieu crĂ©ateur. Narayana est celui qui construit le cosmos. Narayana se rĂ©veille de son repos au dĂ©but d’un nouveau kalpa et mĂ©dite les Vedas. Il rĂ©alise qu’ils se trouvent dans les eaux cosmiques.

Il se transforme en un énorme poisson et sauve les Vedas et autres textes sacrés. On dit aussi que Narayana a récupéré les Vedas dans le Rasatala (monde souterrain) et les a donnés à Brahma. Narayana est également décrit dans le Purana comme un poisson primordial qui a porté la terre.

Sauveur des VĂ©das

Selon le Garuda Purana, Matysa a tuĂ© Hayagriva et a sauvĂ© les Vedas et Manu. Dans un autre cas, il est dit que pendant le règne du troisième Manu – Uttama, Vishnu en tant que Matsya a tuĂ© le dĂ©mon Pralamba.

Matsya-Vishnu
Manu avec les sept sages dans un bateau attaché par un serpent à Matsya (en bas à gauche); 
Indra et Brahma rendent hommage Ă  Vishnu en tant que Matsya, qui tue le dĂ©mon – qui se cache dans une conque. 
Mewar, vers 1840

Selon le Narada Purana, le dĂ©mon Hayasiras (“Ă  tĂŞte de cheval”) a arrachĂ© les Vedas des lèvres de Brahma. Vishnu se transforme alors en Matsya et tue le dĂ©mon, rĂ©cupĂ©rant du mĂŞme coup les Vedas. Selon les rapports, l’incident s’est produit dans la forĂŞt de Badari. L’histoire est interrompue par le dĂ©luge et Manu. Le Shiva Purana honore Vishnu en tant que Matsya, qui a rĂ©cupĂ©rĂ© les Vedas en traversant l’ocĂ©an du pralaya avec le monarque Satyavrata.

Dans le Padma Purana, Manu est remplacĂ© par le sage Kashyapa, qui dĂ©couvre le petit poisson Ă  l’expansion mystĂ©rieuse. Une autre diffĂ©rence significative est l’absence d’une averse. Vishnu, sous la forme de Matsya, tue le dĂ©mon Shankha.

Les sages reçoivent alors l’ordre de Matsya-Vishnu de recueillir les Vedas dans les rivières et de les apporter Ă  Brahma Ă  Prayag. Le Purana n’explique pas comment les enseignements ont Ă©tĂ© submergĂ©s dans la mer. Vishnu rejoint ensuite d’autres divinitĂ©s dans la forĂŞt de Badari. Le Karttikamsa-Mahatmya du Skanda Purana raconte que Matysa a tuĂ© l’asura (dĂ©mon) Shankha. Shankha (litt. “conque”), fils de Sagara (l’ocĂ©an), avait acquis des capacitĂ©s divines. Shankha a volĂ© les Vedas Ă  Brahma pendant que Vishnu dormait, afin d’acquĂ©rir plus de pouvoir.

Les Vedas fuient son emprise et se rĂ©fugient dans la mer. Vishnu, contraint par les dieux, s’Ă©veille le jour de Prabodhini Ekadashi et se transforme en homme poisson saphari, anĂ©antissant le dĂ©mon. Les sages ont recompilĂ© les Vedas Ă©parpillĂ©s dans les eaux, comme dans le Padma Purana. La forĂŞt de Badari et Prayag figurent Ă©galement dans cette version, mais l’histoire de Manu Ă©levant des poissons est absente.

Un dĂ©mon, fils de Kashyapa, nommĂ© Makara, vole les Vedas Ă  Brahma et les dissimule dans l’ocĂ©an cosmique, selon un autre rĂ©cit du Padma Purana. Brahma et les dieux supplient Vishnu de prendre la forme de Matsya et d’entrer dans les eaux, oĂą il se transforme en crocodile et tue le dĂ©mon.

couverture sirène

Dans cette version, le sage Vyasa est crĂ©ditĂ© d’avoir recompilĂ© les Vedas. Après cela, les Vedas sont rendus Ă  Brahma.

Selon le Brahma Purana, Vishnu a pris l’apparence d’un homme poisson rohita pour sauver les Vedas alors que le monde Ă©tait aux Pays-Bas. Matsya est un avatar de Krishna (associĂ© Ă  l’ĂŠtre suprĂŞme) selon le Brahmavaivarta Purana, centrĂ© sur Krishna, qui cĂ©lèbre Matsya comme le dĂ©fenseur des Vedas et des brahmanes (sages) qui ont transmis la sagesse au roi dans un hymne Ă  Krishna.

En ce qui concerne l’origine de l’herbe Damanaka, le Purusottama-Ksetra-Mahatmya du Skanda Purana raconte qu’un daitya (dĂ©mon) nommĂ© Damanaka tourmentait les gens et errait dans les mers.

Vishnu prit la forme de Matsya Ă  la demande de Brahma, tira le dĂ©mon des rivières et l’Ă©crasa sur la terre ferme. Le dĂ©mon transforma une herbe odorante appelĂ©e Damanaka en une guirlande de fleurs pour Vishnu.

Qui sont les avatars de Vishnu ?

Matsya Raja Ravi Varma Vedas Press
Matsya le triton sirène avec quatre enfants symbolisant les Vedas, Raja Ravi Varma Press

Matsya est frĂ©quemment inclus comme premier avatar de Vishnu, notamment dans les listes de Dashavatara (dix avatars importants de Vishnu). Ce ne fut cependant pas toujours le cas. Certaines listes n’incluent pas Matsya comme premier avatar, et ce n’est que plus tard que des Ă©crits commencent Ă  inclure Matsya comme premier avatar.

Matsya est le premier Dashavatara cité dans le Garuda Purana. Matsya est mentionné comme le premier des dix avatars traditionnels dans le Linga Purana, le Narada Purana, le Shiva Purana, le Varaha Purana, le Padma Purana et le Skanda Purana.

Matysa est le dixième des 22 avatars dĂ©peints dans le Bhagavata Purana et le Garuda Purana comme le “soutien de la terre”.

L’Ayidhya-Mahatmya du Skanda Purana Ă©numère 12 incarnations de Vishnu, Matsya Ă©tant la deuxième. Matsya, comme un bateau Ă  la fin de la journĂ©e de Brahma, est censĂ© soutenir les Manus, les plantes et autres (pralaya).

Autres allusions scripturaires

Le Matysa et le Kurma sont mentionnĂ©s dans le rĂ©cit du Vishnu Purana de l’avatar porcin de Vishnu, Varaha, qui affirme que Brahma (associĂ© Ă  Narayana, un attribut attribuĂ© Ă  Vishnu) a pris les deux formes dans les kalpas passĂ©s.

Selon l’Agni Purana, le Brahma Purana et le Vishnu Purana, Vishnu rĂ©siderait sous la forme de Matsya Ă  Kuru-varsha, l’un des lieux situĂ©s Ă  l’extĂ©rieur des montagnes entourant le mont Meru.

Iconographie de Matsya

Matsya Poisson
Manu avec les sept sages dans la barque (en haut à gauche). 
Matsya affrontant le démon sortant de la conque sous forme de sirène. 
Les quatre manuscrits védiques sont représentés près du visage de Vishnu, tandis que Brahma est à la droite de Matsya.

Matsya apparaĂ®t sous deux formes diffĂ©rentes : un poisson zoomorphe et une figure anthropomorphe. Selon l’Agni Purana, Matsya doit ĂŞtre reprĂ©sentĂ© sous forme zoomorphe (comme une sirène ou un poisson Ă  visage humain). Matsya doit ĂŞtre reprĂ©sentĂ© comme un poisson Ă  cornes, selon le Vishnudharmottara Purana.

La moitiĂ© supĂ©rieure de la forme anthropomorphe est un homme Ă  quatre bras, tandis que la moitiĂ© infĂ©rieure est un poisson. La partie supĂ©rieure est modelĂ©e d’après Vishnu, avec les bijoux traditionnels et le kirita-makuta (grande couronne conique) que porte Vishnu.

Le Sudarshana chakra (disque) et un shankha (conque), les armes traditionnelles de Vishnu, sont tenus dans deux de ses mains. Les deux autres mains crĂ©ent les mouvements de varadamudra, qui confère des bienfaits au dĂ©vot, et d’abhayamudra, qui assure sa sĂ©curitĂ©. Il pourrait avoir les quatre qualitĂ©s de Vishnu, y compris le chakra Sudarshana, un shankha, une gada (masse) et un lotus, dans une autre configuration.

Matsya est reprĂ©sentĂ© avec quatre mains, comme Vishnu, l’une tenant le chakra, l’autre le shankha, et les deux premières serrant une Ă©pĂ©e et un livre, symbolisant les Vedas qu’il a repris au dĂ©mon. Un angavastra est drapĂ© sur ses coudes, et un drapĂ© semblable Ă  un dhoti couvre ses hanches.

Dans certaines représentations rares, sa moitié inférieure est humaine, mais le haut de son corps (ou seulement le visage) est en poisson. La variante à visage de poisson se trouve sur un relief du temple Chennakesava de Somanathapura.

Matsya peut ĂŞtre reprĂ©sentĂ© seul ou dans une situation oĂą il combat un monstre. Matsya est parfois reprĂ©sentĂ© combattant ou tuant Shankhasura, un dĂ©mon qui Ă©merge d’une conque et attaque Matsya avec une Ă©pĂ©e. Tous deux peuvent ĂŞtre reprĂ©sentĂ©s dans la mer, avec en arrière-plan le dieu Brahma et/ou des textes ou quatre personnes reprĂ©sentant les Vedas. Matsya est reprĂ©sentĂ© sous la forme d’un poisson dans certains Ă©pisodes, remorquant le bateau avec Manu et les sept sages Ă  bord.

Symbolisme et Ă©volution de Matsya

Matsya Poisson à corne
Matsya comme un poisson Ă  cornes d’or tirant le bateau avec Manu et les sept sages. 
La corne de Matsya est attachée au bateau avec le serpent, qui est également représenté derrière Matsya comme support symbolique. 
c. 1890 Jaipur.

De nombreuses cultures Ă  travers le monde ont des histoires sur une grande inondation. On le compare souvent Ă  l’histoire du dĂ©luge dans la Genèse et Ă  l’arche de NoĂ©. Le motif du poisson rappelle Ă©galement aux lecteurs l’histoire biblique de “Jonas et la baleine”; cette histoire de poisson, ainsi que le sauvetage des Ă©critures d’un dĂ©mon, sont deux traditions hindoues de ce type d’histoire d’inondation.

Les mythes du dĂ©luge abondent dans l’ancienne Sumer et Babylone, en Grèce, chez les Mayas des AmĂ©riques et les Yoruba d’Afrique, entre autres.

Les inondations Ă©taient courantes dans l’Égypte ancienne et dans le système fluvial Tigre-Euphrate en Babylonie. Dans ces rĂ©gions, une religion de dieux-poissons avec un motif de sauvetage des poissons s’est dĂ©veloppĂ©e. Alors que Richard Pischel pensait que le culte des poissons avait ses racines dans les anciennes croyances hindoues, Edward Washburn Hopkins n’Ă©tait pas d’accord, affirmant qu’il avait ses racines en Égypte. Dans les versions sumĂ©rienne et babylonienne, le crĂ©ateur, le dieu-poisson Ea, informe le roi de l’imminence du dĂ©luge dans un rĂŞve et lui demande de construire un dĂ©luge.

Le concept pourrait avoir fait son chemin jusqu’au sous-continent indien par le biais des migrations indo-aryennes ou des routes commerciales vers la civilisation de la vallĂ©e de l’Indus. Une autre idĂ©e prĂ©tend que le mythe du poisson est nĂ© dans la vallĂ©e de l’Indus ou chez les peuples dravidiens de l’Inde du Sud. Le Manu du Puranic se trouverait dans le sud de l’Inde. En ce qui concerne la thĂ©orie de la vallĂ©e de l’Indus, le poisson est frĂ©quent dans les sceaux, de mĂŞme que les bĂŞtes Ă  cornes comme le poisson cornu.

MĂŞme si le mythe du dĂ©luge et le dieu poisson sont empruntĂ©s Ă  une autre culture, ils sont similaires Ă  l’histoire cosmogonique vĂ©dique et puranique de la crĂ©ation par les eaux. Le mythe du dĂ©luge est un mythe cosmogonique dans le Mahabharata et les Puranas.

Le dĂ©luge reprĂ©sente la dissolution de l’univers (pralaya), tandis que Matsya “allĂ©gorise” le dieu crĂ©ateur (Brahma ou Vishnu), qui reconstruit l’univers après l’Ă©norme dĂ©sastre. Ce lien avec la CrĂ©ation pourrait ĂŞtre liĂ© Ă  Matsya, l’avatar initial de Vishnu.

On pense que Matsya reprĂ©sente la vie aquatique en tant que premiers ĂŞtres sur la planète. Selon Bonnefoy, une autre interprĂ©tation symbolique de la mythologie de Matsya est de voir le canoĂ« de Manu comme un symbole de moksha (salut), qui aide Ă  traverser. L’Himalaya est considĂ©rĂ© comme une ligne de dĂ©marcation entre ce monde et la terre de salut de l’au-delĂ .

La protection et la corne du poisson signifient les sacrifices qui permettent Ă  Manu de trouver le salut. En tant que parabole, l’histoire suggère qu’un souverain vertueux, comme Manu, doit dĂ©fendre les faibles contre les puissants, inversant ainsi la “loi des poissons” et faisant respecter le dharma. Le dharma est en danger dans les histoires oĂą le dĂ©mon cache les Vedas, et Vishnu, le divin Sauveur, sauve le dharma avec l’aide de son homologue terrestre, Manu, le monarque.

Selon une autre hypothèse, le bateau de Manu et le poisson reflètent respectivement les constellations Ursa Major et Ursa Minor, lorsque l’Ă©toile polaire Ă©tait Thuban (du 4e au 2e millĂ©naire avant notre ère).

Culte de Matsya

Matsya Temple hindou
Les temples Matsya sont relativement rares, mais l’iconographie se trouve dans les reliefs des temples hindous. 
Un Matsya à face de poisson dans le 
temple Chennakesava, Somanathapura.

Dans de nombreux hymnes des Vedas, Matsya est invoquĂ© comme une forme de Vishnu. Matsya est appelĂ© dans une prière du Bhagavata Purana pour la protection contre les animaux aquatiques et les rivières. Selon l’Agni Purana, Matsya doit ĂŞtre Ă©rigĂ© dans les temples ou les plans d’eau en direction du nord. L’adoration du Matsya pour les cĂ©rĂ©ales est prescrite dans le Vishnudharmottara Purana. Dans des versets du Brahma Purana, Matsya est considĂ©rĂ© comme une forme de Vishnu. Matsya est inclus dans l’Ă©dition du Vishnu Sahasranama du Garuda Purana.

Matsya, Maha-matsya (“grand poisson”) et Timingila sont tous mentionnĂ©s dans le Vishnu Sahasranama du Skanda Purana (“une grande crĂ©ature aquatique”).

Matsya Jayanti, l’anniversaire de Matsya, est cĂ©lĂ©brĂ© le troisième jour de la quinzaine lumineuse du mois hindou de Chaitra, oĂą son culte est encouragĂ©. Les adeptes de Vishnu jeĂ»nent depuis la veille du jour sacrĂ©, prennent un bain sacrĂ© le jour de Matsya Jayanti et terminent leur jeĂ»ne en adorant Matsya ou Vishnu le soir. Les temples dĂ©diĂ©s Ă  Vishnu organisent une Puja unique. Meenesh (“Lord of the Meenas”/”Fish-Lord”) est le descendant mythique de Matsya, qui est connu sous le nom de Meenesh (“Lord of the Meenas”/”Fish-Lord”). Les Meenas commĂ©morent Matsya Jayanti comme Meenesh Jayanti.

Le Varaha Purana et le Margashirsha-Mahatmya du Padma Purana prĂ©conisent un festival de trois jours qui se termine le douzième jour lunaire du mois de Margashirsha par un vrata (vĹ“u) de jeĂ»ne et d’adoration du Matysa (sous forme de poisson dorĂ©).

Il n’existe qu’une poignĂ©e de temples Matsya dans le monde. Le temple Shankhodara Ă  Bet Dwarka et le temple Vedanarayana Ă  Nagalapuram en sont des exemples notables. Il existe Ă©galement le temple Matsya Narayana Ă  Bangalore.

promo sirenas sculpture sirène

Matsya-madhava (Vishnu en tant que Matsya) est vénéré avec Shveta-madhava (le roi Shveta) dans le temple Shveta-madhava de Vishnu près du célèbre étang Shweta ganga à Puri, selon le Brahma Purana. Machhenarayan (Matsya) est honoré par un temple à Machhegaun, au Népal, où une foire annuelle est organisée en son honneur. À Trincomalee, au Sri Lanka, le temple Koneswaram Matsyakeswaram a été démoli.

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